Aéroport de Busan, Corée du sud, j'attends mon vol vers l'île volcanique de Jeju.
J'adore les volcans, les îles et les mythes de la création du monde.
Pas grand chose à faire, je traîne dans un énième convenience store pour parfaire ma connaissance du monde fascinant des snacks coréens. Je suis en ce domaine plutôt aventurier, fasciné par les combinaisons de formes, de couleurs, de textures, de goûts, de marketing, le food design en un mot.
Je me perds donc dans les rayons vérifiant minutieusement qu'un paquet de chips goût champagne n'aurait pas échappé à mon œil de faucon.
Je divague, je pense aux chips, aux crisps, me figurant qu’il doit exister d’autres aliments qui portent le nom du son qu'ils produisent quand on les consomme, je pense à la cuisine japonaise, à des plats comme le shabu-shabu (le bruit de la viande que l’on tourne dans le bouillon).
Je me suis rendu compte plus tard que les japonais possèdent tout un vocabulaire onomatopéique pour qualifier la manducation des aliments faisant la part belle aux déclinaisons du croquant et du croustillant. Pas étonnant pour l'heure que le Japon, comme son voisin coréen, possède un marché de la chips d'une variété et d'une créativité incroyable.
Quand soudain eurêka! : j’imagine une chips gigantesque, primitive, rassemblant une énorme tension structurelle. Quelque chose de sonore, une membrane. Du potentiel à la rupture, comme les failles tectoniques, comme le silence pesant avant le big bang.
Une chips qui se rompant, délivrerait un parfum de feu, de terre, de mer et d’air.
Une sculpture fragile, vouée à la destruction, l’idée d’un apéro cosmogonique…
Et puis j’ai cherché la plus grande chips du monde, et je suis tombé sur un record détenu par les ingénieurs de chez Proctor & Gamble, quelque chose comme 64 cm de long, une chips exposée au Idaho Potato Museum.
Pringles (marque appartenant à l’époque à Proctor & Gamble avant d’être cédée en 2012 à Kellogg’s) fabrique des chips à base de poudre de pomme de terre déshydratée ce qui explique pourquoi la taille de leur chips “record” excède largement le diamètre d’une vraie pomme de terre.
The world’s largest potato crisp Busan Airport, South Korea. I’m waiting for my flight to the volcanic island of Jeju, hanging out in yet another convenience store to perfect my knowledge of the world of Korean snacks. I am rather adventurous in this field, fascinated by the combinations of shapes, colors, textures, tastes, marketing ideas, food-design ... I get lost in the shelves checking carefully, just in case I would find a packet of champagne-flavored crisps or whatever... I wander, I think about crisps, about that type of food that bears the name of the sound it produces when it’s eaten...
When suddenly eureka ! I imagine a gigantic, primitive crisp, with an enormous structural tension. Something sonic, a membrane. Some heavy rupture potential, like tectonic plates, like the heavy silence that precedes the big-bang. A crisp that while breaking would release a scent of fire, earth, sea and air. A fragile sculpture, doomed to destruction, the idea of a cosmogonic aperitif. A ground breaking record.